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Pour le plaisir de voir

Avide de sensations visuelles, Vincent Vallois voyage beaucoup. A chaque halte, il scrute la nature, pénètre dans les recoins les plus inaccessibles jusqu'à ce qu'il tombe en arrêt devant la proie végétale ou minérale qu'il dévore des yeux. Un carnet à la main, le pinceau aquarelle de l'autre, il note ses impressions en jouant sur tous les registres de la perception visuelle. Il se veut fidèle à la nature mais il se refuse à la copier. Son oeuvre, résolument figurative, est le résultat d'une transcription des sensations visuelles et psychiques enregistrées à la fois sur le papier et dans la mémoire.

En atelier, il organise celles ci, encore nuancées de l'état d'esprit du moment. Après maturation, c'est dans l'urgence et la fulgurance que les oeuvres naissent d'un corps à corps avec la toile. La facture témoigne toujours de l'intensité de la rencontre. Jamais cependant ne se perd cette sensation originelle qu'il s'agit au contraire de faire revivre. Parfois, c'est un point fort qui a retenu l'attention, tel cel arbre qui domine un sol jonche de touches, de couleur et de matière qui rappellent que la finalité est picturale. A cette vision fovéale, un autre site opposera une harmonie unitaire, une osmose que traduira plutôt la vision périphérique.

Si ses moyens et ses techniques évoluent, Vincent Vallois reste attaché à ce qui constitue pour lui la peinture depuis l'impressionnisme : lumière, couleur, touche divisée. Il actualise cette dernière par l'usage de pochoirs circulaires découverts dans un atelier industriel. Sa sensiblilé personnelle le porte vers la lumière et plus encore la fluidité de l'air el l'eau qu'il traduit en une matière détrempée qui a la tansparence du regard de l'auteur. Celui qui promeut la texture du sensible au rang du visible.

Alain Réveillon.

(In catalogue Exposition à l'église Ste Marie Madeleine à Lille. Juin-Juillet 1998).

NATURE. TRAIT. ABSTRAIT

Couleurs, coulures, formes, pleins, vides, liés, entraînés, cascades sau­vages, secrète source née dans l'ombre, que le promeneur (vous) retrouve là, en réponse appliquée à sa quête, entre paysage et chaos, nuées, touffes, amas.

Ce que (vous) nous saisissons alors:

 Une trame de signes incongrus, en quête de sens, qui rappelle au regard la source même de cet au-delà que l'abstrait oublieux s'acharne à retrouver.

L'essence, cet au-delà, se trouve comme toujours là où on ne l'attend pas, dans le phénomène lui même.

Paysage = ensemble

Tâches = cailloux, rivières secrètes. Bleues : eau, ciel.

Traces = branches, visages. Ocres en traits ou en terre, sable.

Dressent un alphabet- une clef aux songes.

Reconnaître les éléments du décor, en leur tache pure et simple- en devenir d'abstraction, quand presque rien ne les indique, dans le fouillis, ou la lumière blanche qui les sépare, battement étalé du vide, tâches organiques laissées dans leur hasard, arabesques colorées, chevauchées, délavées, refor­mant le paysage, ne laissant accrochés à la rétine que leurs pigments sur l'illusion réelle, visuelle, sous les paupières grandes ouvertes de Vincent.

Paysage, creux au creux de la forêt, marigot... A l'orée, parfois saisie dans un geste vif ou lascif, une vestale cuissue se plante, floue, dégoulinante, source incarnée et dévoilée sans apprêts. Ses frontières poreuses s'ouvrent à sa nature profonde, vagabonde. Elle porte en son sein la joie forte et plei­ne du premier dessin, celui qu'on (vous) a jeté, voulant être quelqu'un d'autre.

Au présent (temporel-naturel) du regard et des interrogations, Vincent Vallois donne précisément ce présent (intemporel-immatériel) de traces-signes, substances fermes ou floues, où chemine en liberté un regard qui cherche, attise l'espoir de s'y retrouver. Devenir saisi en Nature, là où l'abstrait était avant nous (vous), qui se rappelle de ses repentirs, mul­tiples autant qu'anachroniques (anachromiques) dans leur incessant mouvement d'apparition-disparition, à travers ce présent repris et toujours désuet.

Nature vivante, nature morte, jeu des vanités, tels ces crânes empilés.

Hervé Jacquiez

Si la peinture de Vincent Vallois est une fenêtre ouverte sur le monde, elle demeure à demi voilée sous l’effet d’un scintillement lumineux, de vibrations colorées et surtout du gauchissement de l’air amalgamé à la toile plane ou parfois au métal, support autrefois utilisé par les maîtres hollandais pour faire franchir à la peinture les vastes océans, sans trop d’altération.

C’est ainsi que l’on entre dans l’étonnant carnet de voyage de Vincent Vallois, l’œil s’habituant par degrés à la fluidité des paysages japonais, à l’âpreté minérale de Vulcano, à la violence géologique des îles éoliennes ou encore aux mille autres visages des terres de Sienne.

Ce n’est point une tâche facile que d’isoler et de stabiliser les éléments indécomposables de notre champ de vision, et surtout de reconnaître qu’on les a réellement atteints, au sein des métamorphoses perpétuelles de la matière.

Dès ses débuts, Vincent Vallois a pratiqué une abstraction colorée, aux surfaces fortement structurées, dans une austérité proche de Nicolas de Staël. Mais son passage dans l’atelier de Robert Lapoujade à l’école Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, puis l’estime réciproque de son aîné Édouard Pignon lui ont permis de tempérer cette rigueur en lui inspirant une série sur les baigneuses aux corps fluidifiés.

Ses recherches convergent désormais vers une capture bienveillante de la morphologie toujours changeante du réel pour mieux instruire l’anatomie de la peinture. Dans ses plus récentes recherches, le recouvrement des surfaces peintes par de la résine semble aussi trahir une réflexion sur l’héritage pictural flamand.

 

Sylvie Acheré (Docteur en histoire de l'art)

in catalogue "Carnets secrets et peintures"  Espace François Mitterrand, Loos 2015

(...) Vincent Vallois m'a fait dire : voilà

enfin qu'on rouvre les pots de

peinture. L'art va nous redonner un

peu de cette santé joyeuse dans le

regard qui fait la vie plus forte. C'est bien le Nord, là aussi, balançant entre la journée d'Ensor et celle de Matisse, Je pense que chez lui une certaine beauté naturelle, pour laquelle il a beaucoup de goût, remplacera bientôt la terrible nécessité de la réalité toujours encombrante. Autrement dit, que tout se place, dans l'ordre, le calme, et la volupté (...)

Michel CHAPUIS (France Culture)

In catalogue « 1927-1986 Présences régionales dans l’Art contemporain »                                Béthune 1986

Rendre à l'homme le droit de rêver ainsi!


Si l'art est seulement une question de conscience intellectualiste, alors est exposé au Palais de Tokyo un chef- d'oeuvre qui consiste en un seul mot : «ART ?». Ce chef-d'oeuvre «hyperactuel-malin» est en même temps l'émanation de l'opinion générale. Cette question «ART?» pose beaucoup de questions! Par exemple : l'art est il, comme préten­dent les officiels, un flux engendrant la conscience mentale conceptuelle intel­lectualiste ?

...l'art ... représenté par ce seul mot «ART» ?: est-ce l'art vraiment ? Cet art-là ne serait-il pas seulement le reflet de notre temps conditionné par l'ab­surde raisonnement virtuel... l'unisson-raisonnement du vide, décision des pouvoirs spéculatifs, cancer de la raison... c'est a dire le «par défaut», le «par manque», le «par probabilité»... bref l'éternelle condamnation d'avance par contumace. Cette globalisation fabriquant ces cami­soles de force enfermant l'esprit libre, l'en­fer des contre-courants énergétiques. Résultat: le gouffre du principe de Peter, cette fausse intelligence mortelle qui para­de dans toutes les places boursières comme dans tous les grands musées du monde. Ces simulacres de l'intelligence... ces simu­lacres de l'Art qui prennent toute la place et chassent les vraies idées et les vrais chef-d'oeuvres. Bersculoni... veut il priva­tiser les musées? mais n'est ce pas déjà fait depuis longtemps?

 

Heureusement - oh baume pour coeur, âme et esprit ! (n'ayons pas peur des mots !) voici la liberté!

Voici la peinture-peinture point de départ par excellence de l'exception culturelle française qu'un connard de PDG - ce faux félin fabricant de faillite économique modernistique - vient d'insulter disant que c'est un archaïsme franco-français mort.

La peinture française serait
morte?...ringarde?...

NON,NON et NON. Cet    éternel    mouvement, périodiquement (comme tout  ce  qui  est  salutaire!) expulsé par l'effet du souffle souffle des clairons du déclin, recommence toujours.   En  restant  éternellement  soi-même  la peinture-peinture  évolue  conti­nuellement.

Cet art est éternel parce qu'il est mysté­rieuse alchimie qui fait (re)naître tout le pouvoir du «temps de rêve» dans le coeur qui s'ouvre devant une toile... «s'ouvrir jusqu'à ce point qu'on sait lire l'oeuvre... la grande symbiose par laquelle on se trouve»...

Rendre à l'homme le droit de rêver ainsi! Toujours est-il que dans ces instants par­tout  naissent  les  premiers   signes  de  la renaissance de cette spiritualité laïque et libre qu'on vous a promis pour ce siècle et les siècles à venir.

Les premiers signes! Eh oui! sont très pré­sent dans le Nord... en témoignent entre autres les toiles dans lesquelles s'est transsubstanciée la peinture-peinture (sous la forme) : de la peau-de-la-peinture suave sensuelle / de l'apparence du «conciliato» dans l'éternel clair-obscur / du mystère de la complémen­tarité, cette couleur-lueur apparitionnelle du penser-couleur / de la lumière vivante / de «la figuration autre» du non- figuratif / de cette dé-coagulation

cristal­line de masse et de forme en plans-superposés de trans­parence diverse et... finale­ment dans cette peinture le figuralisme sincère....lyrique... non litté­raire.

Fini la période  de  grande frustration de la culture de papa. Fini le pèse-nerf de la période technocra­tique.

Voici que commence l'ère dans laquelle l'homme retrouvera - en guise de contenu de l'oeuvre - cette grande ascèse de la pureté séculaire, l'empathie avec la natu­re, la synesthésie avec l'immensité et le dépassement de tout stade de forme-illu­sion. Voici enfin (et heureusement que dans le monde monétariste il existe des mécènes) que le visiteur est invité «à la recherche des valeurs vraies» par les toiles du peintre-peintre Vincent Vallois.

Et mon ami feu Jean Bazaine acceptera - avec un bienveillant sourire du haut de la peinture-ciel - le fait que ce Vincent plus jeune se «diversifie». En effet il montre deux sortes de pein­tures... mais en cela il a de grands prédé­cesseurs.

Serge Largot (peintre-peintre)

in catalogue "Vincent vallois, Peintures et dessins - Banque Populaire du Nord 2002

 

 

 


 

 

Le peinture de VINCENT VALLOIS se situe entre Figuration et Abstraction.

Certes, on a beaucoup parlé depuis 1980-81 d'un retour en force de la peinture dite figurative, à propos de jeunes peintres "branchés", colorés, et "médiatises".

La critique avait alors baptisé ce mouvement "Figuration Libre", ou encore mieux "Bad-Painting".

Même si VINCENT VALLOIS partage avec eux le besoin impératif d'employer des couleurs très vives, demeure chez lui et subsiste le plaisir de peindre, le plaisir de la belle matière, (pas pour ce qu’elle est mais au service d'un sentiment).

De riches médiums (VINCENT VALLOIS est originaire du Nord, et les peintres issus de cette région ont toujours eu le souci constant d'une riche   matière colorée ; on n'échappe pas à son origine...), une certaine maîtrise du geste (ne surtout pas confondre avec l'adresse), en tout cela, VINCENT VALLOIS se différencie de certains nouveaux peintres expressionnistes.

Le jeune peintre de son temps qui a su "digérer" les influences de MATISSE, de PIGNON, de MONET, de DE KOONING, d'ALECHINSKY. L'actuelle série reprenant le thème connu "la Femme-Baigneuse" dégage, et développe une personnalité qui ne doit déjà plus rien aux autres.

Auparavant, VINCENT VALLOIS travaillait le thème de la plage, prétexte à la représentation du corps de la femme, ou des vues fragmentaires de corps ; dans un univers paradisiaque.

Ici, VINCENT VALLOIS plonge dans la peinture (c'est le cas de le dire). Refus d'une représentation figurative, formelle, rappelant le sable, le corps féminin, ses accessoires vestimentaires, le ciel, la mer.

Il fait un travelling avant, uniquement la représentation de la femme et de l'eau (autre symbole féminin) sous le signe du tumulte, car ici, tout se mélange.

Le signe du corps de la femme surgit, ressurgit, du tourbillon-peinture.

Signe-ondulation. Signe-virgule. Entrelacs. Le signe-tourbillon peut faire référence à la mise en abîme. Le vertige de la vie, le vertige de la peinture. Regardez certains visages : référence au masque de la mort - la femme, le plaisir - le plaisir de peindre, la mort, quelque part.

La liberté du geste domine puisque VINCENT VALLOIS travaille directement sur le papier (qu'il maroufle par la suite). La main n'est plus entravée par un quelconque souci matérialiste de gâcher le matériau soi-disant noble, la toile de lin. L'encre de chine glisse sur le papier, épais, profond, et parfois, elle le griffe...

Dans certaines aquarelles, VINCENT VALLOIS, amoureux de la matière, expérimente plusieurs méthodes d'approche : l'écran-papier reçoit l'eau jusqu'à en être totalement imbibé. La couleur immerge, émerge et sort autre.

Autre aussi est la direction de travail où se dégage le plaisir des écritures.

VINCENT VALLOIS se sent aussi graphiste et aime la calligraphie.

Dans les dessins, le corps apparaît presque absent. Le jeune peintre, cherche à retranscrire le tumulte de forces naturelles, allures de vagues, signes du vent-ondulation.

On perçoit le corps de la femme à travers les touches oranges, rouges, roses, noyées et mêlées à une gamme de bleus-verts.

Eclaboussures de couleurs. Apprendre à désapprendre (après avoir appris ; bien-sûr).

Grandes plages-pages maculées de couleur. Passage d'une vague colorée, retranscrire un mouvement.

Le geste du peintre peut parfois ressembler au jeu des vagues, vient et revient.

Flux et reflux de la main du peintre. Reflet du corps sur les vagues.

Le regard peut aussi se perdre, nager, se noyer dans les couches "vagues-peintures", entre transparence et opacité.

Jaillissement de couleurs pures parmi les riches nuances des bleus-verts.

Nous quittons parfois l'univers méditerranéen pour un domaine plus nourri de plantes aquatiques (nous citions Monet... les Nymphéas). Formes rondes tourmentées. Bref rappel du signe-feuille (prétexte aussi à des verts).

Peinture qui coule, qui gicle. Femmes recouvertes de couleurs baignant dans la mer-peinture.

Marc SARDINA peintre Octobre 1986

 

"Les eaux sont dormantes, ou agitées. Nymphéas, mares ou surfaces immobiles ; ou bien vagues et flux dynamiques. Mais toujours mouvementées dans le geste qui les amène et les fait vibrer: eau et main sont courantes.

Le tout, même si l'eau dort, ondule au rythme de la vibration qui anime le peintre. Il recrée, réinvente les reflets, les diffractions, et partout, il y a interférence et interprétation de tous les éléments : lumière, feuillages, herbes aquatiques, pour en arriver à une sorte d'abstraction qui coexiste avec certains signes reconnaissables du, ou des corps qui se baignent.

Ceux-ci participent aux flux et aux rythmes de l'eau, au geste du peintre qui les "noie" dans l'onde. Ils se confondent dans les reflets même s'ils offrent quelques signes apparents, points-clefs ou articulations de la composition, du mouvement de l'ensemble. Corps, eaux et rythmes impulsés par l'artiste deviennent peinture".

Corinne BURON Journaliste à Nord-Matin

in plaquette exposition "baigneuse" Université de Lille III 1986

In catalogue « Carte blanche à Arthur Van Hecke »

Exposition itinérante France-Belgique

 

L’année commence par une véritable explosion de peinture chez ABC avec Vincent Vallois.
Né à Lille en 1959, il a reçu une formation approfondie, d’abord à Tourcoing dans l’Ecole Régionale Supérieure d’Expression Plastique, puis à l’Université de Lille III (arts plastiques) et comme pour couronner le tout, ce furent les Arts Décoratifs à Paris.
A partir de 1986 il était aux cimaises à Lille, Valenciennes, soit le Nord mais aussi d’autres coins de France.
Les traces de cette formation ? On les trouve surtout dans d’admirables dessins, dépouillés et comme enlevés dans la minute, ce qui veut dire un plein engagement dans son travail.
Mais le côté fort de l’artiste, c’est son investissement dans la couleur. Il la vit, la pénètre, s’en imprègne, avant de la mettre sur la toile avec une force qui nécessite un grand effort physique.
Avec des matériaux parfois récoltés sur place (les rouges de Campanie), avec du mouvement, de la musique et les rythmes personnels que Vincent Vallois porte en lui, il obtient des tableaux qui rejoignent la tradition flamande de la couleur comme dominante dans la peinture.
Paysages, certes, mais posés d’un geste si spontané qu’il balance entre la réflexion et la violence, celle d’un créateur qui vit par et pour son travail, un peintre qui fait feu de tout bois, un artiste qui me donne l’impression de « brûler sa vie ».
Il faut voyager entre les aplats de couleur et leur déclinaison très nuancée parfois. On ne peut survoler la peinture de Vincent Vallois, le premier choc passé, on y pénètre, on s’en imprègne et on se gorge de sa lumière.

Anita NARDON     Socles et cimaises

blog culture Bruxelles 2007

Galerie ABC,
rue Lebeau 53,
1000 Bruxelles

Les "Jeux d'eau" de VINCENT VALLOIS ou "Prélude à l'après-midi d'un artiste".

Il peut parfois sembler risqué, et sujet à caution (pour les artistes, surtout !), d'ECRIRE "sur" la PEINTURE. Mais pourquoi ne pas essayer alors de le faire EN MUSIQUE, doublant par là-même, et en quelque sorte, la mise ! ! !

Il ne s'agit pas d'un affront, mais de PARLER de la PEINTURE de l'artiste "par" la MUSIQUE, "par" un DETOUR qui se vaut à lui tout seul ! Une OSMOSE permettant de mieux sentir, vivre, crier, l'oeuvre telle qu'elle a été PEINTE.

Car s'il est vrai que tout ART, quelqu'il soit, se suffit à lui-même, avant tout, en sa façon d'être et de NAITRE, pourquoi pas, tout de même, ne pas être tenté, quand l'artiste lui-même, PEINT "EN MUSIQUE", d'appréhender sa PEINTURE au travers de quelques arabesques et ondulations arpégées ?...

VINCENT VALLOIS peint l'eau, ses mouvements, le corps des femmes, des baigneuses, nageuses ; des hommes, puissances, plongeons, violence, aussi parfois : danses dans l'onde ; Nijinski dansa Debussy, Stravinski ; Diaghilev, "Daphnis et Chloé", et Ravel fit "MUSIQUE" les "Histoires Naturelles" de J. Romains, ou encore la prose d'Aloysius Bertrand, "Gaspard de la Nuit" : tout est reflet, s'appelle et s'interpelle, pour peu que l'on tende un peu l'OEIL, l'OREILLE ; le sourire, aussi, tout simplement...

Et parce que la PEINTURE de VINCENT VALLOIS est, par essence, INTERFERENCE, comment résister au désir de laisser se couler dans les ondes miroitantes du PEINTRE, quelques unes de ces autres sortes d' ONDES, impalpables, celles-là, mais vivantes et vibrantes, et reflétant tout autant de couleurs . A leur manière .

L'ARTISTE, peintre et ARTISTE en son entier, lui, en tout cas, l'a fait.

VINCENT VALLOIS PEINT EN MUSIQUE, "dans" la MUSIQUE, et ses "jeux d'eau" se coulent aisément sur fond de villa d'Este, de Ravel et de Liszt. Nageuses qui flottent, portées par d'ondulantes et subtiles harmonies : frissonnantes et "Sirènes" des Nocturnes de Debussy. Selon l'heure, "La Mer" déchaîne les corps jusqu'à certaines formes applanies de silences, où des naïades-légendes jouent "Saint-François de Paul marchant sur les flots"...

"La Cathédrale Engloutie" est "prélude" aux mondes mystérieux qui sourdent lentement en vibrant sous les verts et les bleus du PEINTRE. Des "Voiles" se meuvent sur la surface agitée et légère d'ondulations multiples ; vagues, "Arabesques", "Sirènes", et "Nuages" animent la TOILE (la VOILE !) et le vent, par le truchement des couleurs, ennivre d'un mouvement harmonique riche et profond la bai­gnade devenue MUSIQUE.

De l'ensemble résulte, exulte, le souffle de la COMPOSITION, de ses ondulations, et vibrations, qui laisse couler à flots ses désirs, quelque part durant l'après-midi d'un faune, grisé de couleurs et d'arpèges-dissonnances, quoiqu'en résonnances et reflet miroitant d'équilibre.

Le peintre est le Faune, ou peut-être Daphnis retrouvant Chloé au lever du jour. Il est protégé par les nymphes et il peint pour le dieu PAN...

Corinne BURON Journaliste, Novembre 86

In plaquette exposition « Baigneuse » Université de Lille III

 

La peinture au risque de la photo

 

 

Vincent Vallois propose dans cette exposition des œuvres où, pour chacune d’entre elles, se trouvent juxtaposés deux regards portés sur un même paysage : celui du photographe et celui du peintre, deux regards instruits par deux formes d’art, radicalement différentes qui furent et restent encore souvent en conflit. Vincent Vallois, faut-il le dire, est très loin d’être le premier peintre à faire de la photographie son violon d’Ingres. Dès l’apparition de cette nouvelle technique de reproduction du réel, beaucoup d’artistes s’y intéressèrent. On pourrait citer Victor Hugo dont les dessins réinterprètent parfois les clairs-obscurs de négatifs, Jean-Baptiste Corot, pratiquant, dans la maturité de son âge, le « cliché-verre », et surtout, Edgard Degas qui consacra à ce médium les dernières années de son existence. Chez Vincent Vallois, ce n’est donc pas le photographe qui surprend, mais la volonté délibérée de l’artiste de confronter le rendu optique et esthétique de la peinture et celui de la photo, concernant un même objet. En cela, chaque œuvre invite à une réflexion sur la façon dont ces deux arts jouent sur la sensibilité du spectateur pour l’éveiller à elle-même.

            Dans les œuvres présentées, on remarquera qu’il ne s’agit jamais du côté du peintre de reproduire, sur un support avec les moyens de son art et dans sa totalité, le paysage dont il vient de prendre la photo. Son regard de peintre, au contraire, s’arrête sur un simple détail, sur un élément particulier pris dans la représentation photographique du paysage, et qui pourrait paraître au profane purement anecdotique. Le choix pourtant ne doit pas être innocent. A chaque fois, il semble que le détail retenu engage l’artiste dans une méditation sur la nature de son rapport au paysage. Car, notons le, c’est toujours une sensualité sous-jacente qui pousse à photographier un paysage. Par la photo, on ne cherche pas seulement à le conserver pour apaiser un souci de mémoire, on cherche aussi à le faire nôtre, à le posséder, à faire définitivement corps avec lui, pour ne plus jamais s’en séparer ; façon, peut-être aussi, d’abolir le temps et l’espace qui nous éloignent des choses aimées. Dans cette relation au paysage, mène son jeu un érotisme profond qui se nourrit de la beauté des formes et de la splendeur des couleurs contemplées. Mais peut-on jouir véritablement d’un paysage en ne le prenant qu’en photo ? L’acte même de photographier est si court, si imprégné de mécanique, et le corps devenu étranger intervient si peu, qu’il est légitime de s’interroger. C’est à cette question que la confrontation photo/peinture voulue et risquée par Vincent Vallois tente d’apporter des éléments de réponse. A observer la façon dont il opère, on comprend que la sensualité de l’artiste ne puisse trouver entière satisfaction dans l’acte de photographier. Il y manque, en effet, l’essentiel, c’est-à-dire un rapport physique, tactile, charnel même, presque indéfiniment prolongé avec le paysage, rapport que seul le geste de peindre, inséparable d’innombrables postures corporelles, peut mener jusqu’à la pleine jouissance. Qu’on songe ici à Cézanne revenant toujours peindre la montagne Sainte-Victoire, comme si, par cet acte d’amour répété, il voulait en prendre à chaque fois possession définitive. La peinture, Vincent Vallois l’a compris, quand elle ose revenir à sa fonction première, est portée depuis la nuit des temps par un puissant désir qu’elle assouvit symboliquement, celui de retrouver l’unité originelle de l’homme et de la nature.

Mais on n’accède pas d’emblée à l’intimité la plus secrète des paysages, car ils se défendent. Ils ont, pourrait-on dire, leur pudeur, quelque chose d’indéfinissable, un détail qui rend chacun d’eux, énigmatique, mystérieux, propice même à l’interrogation métaphysique : dans celui-ci, c’est la ramure noire et fantasque d’un arbre, dans celui-là, ce sont quelques galets rassemblés on ne sait comment dans le lit d’un cours d’eau, ailleurs, ce sera un toit rouge qui détonne au milieu des autres maisons du village, ou encore le tronc d’un arbre qui s’enlève avec ses coulées mauves sur l’ombre épaisse d’un fourré. Si le photographe, qui semble tenir, lui, au panorama, n’accorde à ces détails que leur juste place dans l’économie de sa représentation du réel, il en va autrement pour le peintre dont l’œil averti voit toujours en eux un motif voluptueux dont il faut épuiser les possibilités en libérant sur lui toutes les énergies de la matière picturale. De là, chez Vincent Vallois, cette magie des couleurs en travail, à la recherche d’une lumière d’Orient pour envelopper les choses peintes, et dans laquelle l’intimité du paysage pourra alors s’offrir à l’artiste et à qui prendra le temps de la contemplation ; instant fugitif de bonheur que celui où se redécouvre un Eden que l’on croyait perdu.

C’est, paradoxalement, parce que les œuvres qui en résultent, s’éloignent de la lettre même du paysage, qu’elles parviennent à en saisir l’intériorité secrète, c’est-à-dire son aura, son atmosphère que seul un infime détail lui appartenant peut ressusciter. Alors, nous ne sommes plus à distance du paysage, mais en lui. La sensualité diffuse des œuvres est si forte que tout sens de la perspective et de l’écoulement du temps, si affirmé dans la photo, a été aboli. On est en présence d’une symbolique de « l’ici et du maintenant », hommage certainement aux aspects les plus profonds de la culture japonaise. Il n’est pas surprenant dans ce cas que la forme tende à l’abstraction et se laisse chahuter par les brouillements féeriques de couleurs. Le monde que Vincent Vallois nous donne à voir est un monde plein, où tout se touche, un monde saturé de vibrations lumineuses, situé dans un au-delà de la perception ordinaire, et, peut-être pour cela, plus proche des intuitions de la physique du cosmos. On est, semble-t-il, loin de la photographie ; à moins que…

 

Fernand Fournier, Paris, Janvier 2012

In catalogue exposition Vincent Vallois, Galerie Akié Arichi

In « Art Contemporain » recueil de textes de  F.Fournier, Paris 2016

Exposition


Riche matière

et vif coup de patte

Une première bruxelloise pour le Français Vincent Vallois qui montre ses huiles sur toile à la Galerie ABC.

Bien qu'ayant participé à de nom­breuses expositions collectives en Belgique, Vincent Vallois, né à Lille en 1959 et bien ancré en son terroir du Pas-dé- Calais, entame ici, Gale­rie ABC, sa première exposition personnelle à Bruxelles. Son abs­traction lyrique et poétique sé­duira, tant il sait, sans prétention, structurer les plans, rendre la tou­che vivante et les coloris chaleu­reux.

Foin d'académisme, «l'art ne se re­nouvelle que par la transgression du langage plastique» et le langage de Vallois s'appuie sur les qualités du matériau couleur. Aussi a-t-il choisi de travailler l'huile sur toile, qui permet un plus grand apport de matière et donne à l'oeuvre un relief que le médium acrylique, uniformément plat, re­fuse. Souvent sans titre, l'artiste décline ses compositions informelles au rythme de taches et d'aplats en sus­pens. Les blancs sont des vides au cœur desquels s'insinuent le contraste des couleurs et l'intensité de l'émotion gravée dans la pâte. Le travail est exigeant et l'on devine la gestuelle large, les pinceaux, le cou­teau, le chiffon peut-être, les écra­sements, les juxtapositions, toutes ces manipulations jubilatoires sans lesquelles le regard du specta­teur ne serait captivé. Pour preuve, cette grande toile au fond spectacu­laire fait d'un tourbillon de pâte épaisse, neigeuse et bleutée sur l'immensité duquel cinq petits bouquets - à la fois figuratifs et abs­traits, réels et irréels - déclinent leurs coloris délicatement nuancés. Ailleurs, les taches de couleurs s'en­trechoquent, s'affrontent, s'estom­pent, se coulent les unes dans les autres, s'animent d'une dévorante palette de noirs profonds, de gris et beiges superposés, de verts émeraude, de bleus outremer dont la profondeur chromatique donne la mesure de la liberté d'expression cultivée par l'artiste. Ici, un nu cou­ché dans une multitude de petites touches juxtaposées semble inté­gré, bras le long du corps et tête penchée, dans une mosaïque an­cienne. Là un cyclone de matière épaisse, d'un gris bleuté, ponctué d'une pointe de jaune soleil, vibre sur la toile. Un seul mot résume le travail de Vallois : la matière, ample et grumeleuse, maîtrisée avec brio. Parfois quelques écritures illisibles s'insinuent entre les espaces colo­rés. On devine: «mes souvenirs», «éclater», «vent», «un peu d'eau»... Mais qu'importé, la signification des mots n'ap­partient qu'à l'artiste! Pour faire la preuve que l'abstraction, même lyrique, n'est qu'une corde à son arc, il livre aussi de déli­cats paysages à l'encre sur papier évo­quant la Breta­gne, ainsi que quelques nus féminins dé­pouillés, croqués en quelques traits de fusain, telle une femme assise, de dos. Une autre pudiquement ac­croupie. Une autre encore, mains sur les seins dans un gracieux geste de protection.On sent chez l'artiste un irrépressi­ble plaisir à peindre et sa démar­che, faite d'exigence et de joie, ne peut que ravir le spectateur si sou­vent déçu par ce qu'il voit.

Colette Bertot

Galerie ABC. 53 rue Lebeau. Sablon.

L'Echo de la bourse, Bruxelles 2007

 

 

Vincent Vallois  Une somptueuse abondance

Les toiles de Vincent Vallois s'accumulent dans son atelier lillois, posées les unes contre les autres, interdisant le passage pour parvenir à celles qui sont rangées dans le fond. Et pourtant si on prend la série des

« Baigneuses » peinte entre 1984 et 1988, seules deux subsistent que l'ar­tiste tient à conserver, toutes ont trouvé acquéreur. D'autres séries ont suivi jusqu'auxdernières toiles, souvent de grand format, consacrées aux villes mexicaines. Une somp­tueuse abondance : une œuvre qui s'édifie en silence, trop en silence malgré les nombreuses expositions collectives et personnelles. Sa rencontre avec Edouard Pignon plongé à corps perdu dans la pein­ture, ses nus rouges, ses bleus marins et ses plongeurs en chute libre, enri­chit sa pratique : le découpage dyna­mique de la toile est accentué par la

force d'impact de la couleur qui s'ins­crit dès lors dans un espace conduc­teur d'une vibration permanente. Premiers pas vers un perpétuel renouvellement de ses propres solu­tions.

Une «image» prend corps dans la peinture

Ses « Baigneuses » qui ne sont ni le reflet, ni le double de corps féminins, permettent de saisir la vivacité et la puissance charnelle de la touche. La chair ne se laisse pas enclore par quelque contour : tourbillons de bleus, de verts, de jaunes, jubilation des rouges accompagnés de rosés, soutenus par des ocres et des bruns, striés de touches blanches et noires. Une effervescence flamboyante progresse à partir de la capacité de la couleur d'illuminer la figure qui se fond dans l'élément liquide, y repose balancée, portée ou en jaillit. Exaltation de la couleur et pure intensité lumineuse, éclatement de la forme et sa résolution lyrique : le corps féminin comme un champ coloré irradiant. Le chemin vers l'abstraction se poursuit, s'arrêtant au seuil de la non-figuration avec les « Nus éclatés », 2000-2001 et avec les « Nus » des années 2003-2004 où le corps se « dessine » dans l'arrière-pays de la peinture comme la trace d'une «fresque-mosaïque » antérieure. Pays nordiques, Corse, Antilles, Var, Bretagne, Sicile, Japon, Mexique : Vincent Vallois voyage avec ses cahiers de croquis : dialogues pris sur le vif dans la nature, à fleur de ciel, de terre, d'eau et de lumière. Fixer ce contact, cette fusion avec les arbres, les pierres parcourues par une eau vive qui, plus que surface, est flui­dité et transparence, comprendre comment les choses s'organisent devant soi, par rapport à soi. Instants fugitifs, instants d'éter­nité?

Une plongée dans le paysage

Les impressions premières nourris­sent les tableaux réalisés en atelier : « Algues », « Cactus », « Vulcano », « Paysages ». L'artiste stimule la création en écoutant de la musique de jazz, le nom des musiciens apparaît dans l'intitulé de tableaux Miles Davis, John Coltrane... Huile, crayon, fusain, aquarelle, couteau, pinceau, pleins et vides, rythmes et respiration... Vincent Vallois joue des opacités et des transparences : il recouvre parfois la matière picturale de résine pour lui donner de la profondeur, fait appel à l'acrylique pour éviter tout empâtement, renoue avec l'inflexion de l'encre, du lavis et ouvre la voie à la calligra­phie. L'artiste varie les supports : aluminium et contre plaqué dont les fins sillons s'impriment comme une trame, une sous-couche dans les feuilles d'or qui font resplendir le vert des arbres.

Les carnets en accordéon introdui­sent une dimension temporelle dans l'espace du paysage. Eau courante, herbes, arbres, cailloux : avènements de lumière, imbrication du trait souple et de la couleur qui glisse comme en suspension, harmonie où le blanc de la page suscite un appel d'air qui vivifie les couleurs. Une idylle naît entre dessins et textes : Vincent Vallois installe des rimes riches, une aimantation entre le signe et la ligne, la lettre et le volume, les mots et les tons.

Les chemins de lumière: paysage de nature, paysage mental

Les livres d'artistes, souvent mé­connus, sont le domaine privilégié d'une recherche personnelle et témoignent d'une fabuleuse liberté créatrice. Les douze pages (gouaches) sur le poème de Mallarmé « Les fleurs », réunies comme un puzzle, composent une couronne de fleurs qui trace, en négatif, un nu féminin. Il nous est impossible de citer tous les chemins de lumière, tous les éclats de ces déambulations sensorielles. Mettons à part les dessins réalisés sur d'anciens livres de comptes d'une entreprise, sympathique pied de nez à la manière dont le code capitaliste gère le travail salarié et l'argent, pour lui fin dernière. L'artiste nous rend ainsi des parcelles du monde sensible dans une monnaie non cotée en Bourse, mais inestimable. Cœur battant de son univers, toute son œuvre enregistre sa réaction à la fois fougueuse et apaisée à la vie, parle clair au cœur, aux sens et frater­nise avec le visiteur. Quelque chose d'essentiel s'imprime et se libère dans un même mouvement. Sa peinture nous fait sentir notre propre existence et l'humanité qui nous relie, comme lui-même l'a ressenti en découvrant l'art populaire mexicain et en propo­sant la création d'un atelier d'art populaire pour les habitants du quar­tier du Faubourg de Béthune à Lille.

Alphonse CUGIER

LIBERTE HEBDO

Janvier 2010

 

 


«J'ai besoin du choc de la nature»


« Vous verrez, il est très gentil» avait spontanément lâché Philipe Hollevout (l'auteur du Trait libre de notre dernière page). De fait, c'est en toute simplicité que Vincent Vallois a accepté de réaliser la « Une » de ce début d'année de notre journal, et de nous ouvrir, dans la foulée, les portes de sa demeure et de son atelier. Allez savoir pourquoi, Vincent Vallois nous a aussitôt fait penser au Petit prince (de Saint-Exupéry) devenu grand. Le cheveu peut-être : naguère, il dût être indis­cipliné. Le regard plus sûrement : clair et profond, il semble interroger le monde en permanence. Vincent rêvait de peinture. Il en a fait sa réalité, pas toujours facile à vivre. L'enfant de « Saint-Ex » avait lui-même découvert que la rosé, symbole de beauté, n'en porte pas moins des épines. D'ailleurs, Mallarmé ne la cite pas dans Les fleurs, poème à l'illustration duquel Vincent Vallois travaillait lors de notre rencontre. Dans l'atelier, des tables encombrées de dessins, au mur deux, trois toiles, au sol de grands registres anciens de comptabilité chinés on ne sait où, auxquels l'artiste, bientôt, redonnera vie en les emplissant de dessins et de réflexions mêlés. Ici et là, des carnets encore et encore, « qui prolongent la peinture qui, elle-même, prolonge les carnets »... Un dessin de 10 cm de côté peut ainsi devenir, un jour, une toile de deux mètres de haut. Des photos aussi, beaucoup. Les années passant, elles prennent davantage de place dans le travail de Vincent Vallois. Photos de nus, de voyages. De la Scandinavie à la Corse, en passant par la Bretagne ou les Antilles, depuis toujours Vallois n'a jamais été aussi heureux que traçant la route, sac au dos, carnet et aquarelles à portée de main, et musique au creux de l'oreille. S'il le pouvait, il emmènerait avec lui un orchestre. Vous le croiserez peut-être, un de ces quatre, canotant sur une rivière, croquant les arbres qui défilent sur la rive, et accompagnant les dessins des mots que lui inspire la nature. La nature, c'est sa liberté. C'est elle qui lui donne l'énergie : « J'ai besoin du mouvement des lignes, du choc de la lumière, du soleil, du vent ». De l'un de ses derniers grands périples, début 2009, au Mexique, il a ramené d'innom­brables images, dont celle, éton­nante, de cet autocar entièrement emmailloté dans un immense pull de laine tricoté main (!). Au départ, Vincent Vallois ne mesurait pas « la force » de l'art populaire mexicain. Depuis, il rêve de créer, dans le quar­tier du Faubourg de Béthune (il habite juste en bordure), un lieu où les habitants (pas seulement les jeunes) viendraient mélanger leurs envies, leurs idées, leurs cultures, où chacun profiterait de l'apport de l'autre (on compte 21 nationalités d'origine différentes dans ce quar­tier). Cet été, il a posé quelques jalons en animant un atelier au Centre social. Vincent Vallois sait que la mise sur pied de cet atelier d'art populaire n'est pas gagnée d'avance. Mais la difficulté ne lui fait pas peur. Comment disait l'auteur du Petit prince ? Ah, oui... « Fais de ta vie un rêve, et, d'un rêve, une réalité».

Jean-Louis BOUZIN        LIBERTE HEBDO

Janvier 2010

Peinture

 

Quand on entre dans le site de Vincent Vallois (www.vincentvallois.com), on pénètre progressivement dans une œuvre qui évolue, d’année en année, en ouvrant des boîtes qui font penser à l’organisation d’un tableau : le savoir pur au centre, avec les rencontres humaines au cœur, Alain Réveillon, Michel Chapuis (critiques d’art), Edouard Pignon, ami peintre dont les œuvres ont induit une recherche de l’artiste vers l’expressivité et le  mouvement.

 

Les boîtes gigognes des Baigneuses alanguies de 1984-88 glissent lentement au fil de l’eau vers davantage d’abstraction : le corps va éclater, les nus s’emmêler. Dans les Nus éclatés de 2000-2001, en une seule image,  les poses successives du modèle s’additionnent, jambes fuselées emmêlées et torse tourné,  vu simultanément de face et de profil. Les Nus au feuillage, mêlés aux arbres vert tendre (1989) se  décomposent dans la période 2003-2005 en mille morceaux de couleur : la peau des corps se marbre comme un tapis tissé ou une mosaïque. Les coups de pinceau trempé dans la peinture à l’huile dessinent davantage la lumière qui donne des reflets incarnats, blancs ou dorés, aux jambes allongées du modèle devenu rivière de couleur. Et on se prend à songer à Manessier quand on découvre les Paysages de 1993-2002 qui se transforment à leur tour en énigme de peinture et de matière : le blanc appliqué au couteau, le vide autour de formes évasives colorées… Coup d’œil furtif que ce regard de peintre qui parle, au bord de la peinture du XXI è siècle, d’un fragment d’espace.

 

On attend le moment d’ouvrir délicatement  les tiroirs de la nature morte, où deux  poissons rouge vermillon tournent dans un bocal, vifs et pesants à la fois dans leur ronde incessante. A l’image de leur rotation, reste mobile cette quête de peinture où le regard sur le monde tourne les pages d’un carnet de croquis.

 

Les voyages (La Scandinavie, Les Antilles, la Bretagne, la Corse, le Sud de la France) imprègnent la matière picturale.  Les derniers travaux « Feuilles d’or » témoignent de chocs et rencontres artistiques. Un récent séjour au Japon emmène l’œuvre vers l’aluminium, la tôle qui situe l’espace comme indéfini, avec des zones grises non peintes. La distance, créée par les vides, donne sa place à la matérialité bien prégnante au cœur des paysages.

 

Laurence Boitel

in catalogue "20 ans de l'atelier 2"  Villeneuve d'Ascq (Nord) 2007

VINCENT VALLOIS

L'Ange Exterminateur.

Je m'étais raconté que je n'écrirais plus une ligne sur la peinture. Sans doute pour exorciser tout à la fois les maffias littéraires et les kermesses des Beaux-Arts. Ce devait être un jour de grand orgueil. Une symphonie sado­masochiste pour percussions et dignité offensée ! On démissionne. On se veut à égale distance des pôles, avec l'outrecuidance des juges suprêmes. On se confectionne un équateur de fortune, où croupir en paix, non sans fustiger de temps en temps la Culture contemporaine. Mais il n'existe pas de no man's land confortable. La vie a horreur du vide.

Sur ces entrefaites, j'ai revu Vincent VALLOIS. Il m'avait invité chez lui à Ourton, pour la visite de son atelier. Je ne connaissais pas sa maison, mais j'ai tout de suite réalisé que c'est elle qu'on allait inaugurer. Elle était parfaitement, totalement investie par la peinture. Une conspiration de tableaux. Quelques-uns accrochés, la plu­part jonchant le parquet ou chapeautant les meubles. Rien que des formats respectables. Ils s'épaulaient l'un l'autre pour ne lancer qu'un même défi. Je me sentais agressé de toutes parts. J'avançais à l'aveuglette, désarmé parce que soudainement abandonné par mon système de références et d'op­portunes comparaisons. Le monde qu'on me proposait, je le voyais pour la première fois. J'avais l'impression d'entrer par effraction dans le tréfonds d'un rêve tout neuf, inédit et, peut-être, novateur...

En matière d'art, il faut se méfier de la première impression. Et surtout du coup de foudre. Le mieux est de prendre du recul. Je n'ai rien dit à Vincent VALLOIS, ce soir là. A part une allusion visant l'ensemble : "Tu n'as pas choisi la facilité, tu empruntes la porte étroite, c'est bien, j'attendais quelque chose comme ça, mais fais très attention...".

Attention à quoi ? ou à qui ? Aux grands méchants loups assortis : confrères ulcérés, critiques frileux, public ébahi du dimanche ? Sur le chemin du retour, mon paternalisme me parut non seulement ridicule mais hypocrite. Comme si Vincent VALLOIS ne savait pas à quoi s'en tenir !

Des images s'entrechoquaient. Des foules d'images et de souvenirs en désordre. J'associais BUNUEL, KOKOSCHKA, GIONO, MAHLER... comme on appelle à la rescousse les por­teurs de flambeaux. Mais, en sur-impression, se déchaînaient les rutilances de Vincent VALLOIS... et ses personnages remontant à la surface des choses comme des noyés exta­tiques. Je regardais fuir la route crépusculaire, mais je ne voyais que de grands îlots bleu-de-Prusse cernés par des eaux abyssales d'un vert rarissime, majuscule, et un peu vénéneux, de cette nuance qu'on ne prête qu'aux cristaux d'autunite. Brutalement, j'étais confronté avec toutes les toiles que je venais de découvrir. Elles m'entraînaient, elles me prenaient de vitesse... Et je me répétais : "Mais, comment a-t-il fait ? Par quel étonnant raccourci est-il parvenu à ce langage, à ce rythme ?". Rien n'agace plus le bipède que l'aveu de sa surprise.

Certes, je n'avais jamais eu le moindre doute sur la vocation de Vincent VALLOIS. Question d'ascendants d'abord, et c'était un héritage prestigieux... Question de prénom aussi. Dix ans plus tôt, il peuplait son adoles­cence de batailles fantastiques, en hommage à Ucello ou à Velasquez, batailles dans lesquelles des milliers de traits à la plume incarnaient autant de combattants. A cette époque il semblait destiné au dessin et à la gravure. N'importe qui l'eût juré sans hésitation. Oui, n'importe qui, jus­tement... Comment pourrait-on reconnaître ce que l'on con­naît mal ! Aimer exige une vigilance dans chaque instant.

Je traversais, sans les voir, des villes désertées, des campagnes assoupies. Mon esprit fouinait en vain, je ne parvenais pas à cerner le moment, voire l'année, où Vincent VALLOIS m'avait échappé. Combien d'étapes cela représentait ? Fallait-il parler d'évolution ou de mutation ? Des souvenirs privilégiés brillaient un

court instant, d'anciens tableaux se profilaient à la sauvette, j'entendais des rires, des proclamations, des doutes. Mais, toujours, sur l'horizon crépusculaire se mouvaient les mêmes formes insolites, tumultueuses, paro­xystiques. Je me remémorais un ensemble de Natures pas mortes du tout, un Personnage au Piano, des Fleurs en hommage à Cézanne, du Nu Assis. Pourquoi avais-je invoqué GIONO, le magicien du mensonge ? Parce que je m'était mystifié moi-même ? BUNUEL et MAHLER, ça semblait déjà plus judicieux, ils auraient pu oeuvrer dans ce climat viscéral, jongler avec les mêmes forces essentielles. Restait KOKOSCHKA... Son nom s'était imposé à moi tout à coup, presque avec violence. C'était dans l'avant-dernier atelier réservé à une série de Baigneuses. (On dit : "Nus, Femmes à la toilette, Femmes au bain, etc... mots passe-partout pour désigner l'inestimable). Ces Baigneuses-là auraient du s'appeler Naïades ou Sirènes. Etendues, elles ne nageaient pas, je veux dire qu'elles n'avaient pas besoin de nager, elles ne formaient qu'un élément avec la vague, elles pro­cédaient de l'eau, elles partageaient sa fluidité, son irisation toujours recommencée. Laquelle, en vérité, m'avait fait penser à KOKOSCHKA et, plus précisément, à "LA FIANCEE DU VENT" ? Durant une fraction de seconde, l'automatisme s'était remis à fonctionner, avec son cortège de références et de comparaisons. La parenté tenait à l'audace des tons, à la position des corps et au mouvement de l'eau en forme de conque, qui rappelait le vent creusant la couche des amants dans le grand tableau expressionniste. Point à la ligne.

Pas de quoi pavoiser d'aileurs ! Sur le rapport de l'irisation, d'autres évoqueraient peut-être Bonnard, en commençant par le très célèbre "Nu dans le bain". Et pourquoi pas Cézanne pour les volumes. Matisse pour les déliés ! Les exercices prémédités deviennent vite des jeux stériles. C'est le royaume de toute une faune envieuse par nécessité, médiocre par habitude. Remarquez, en peinture on est toujours le fils de quelqu'un, même par frontières interposées. De plus, on change souvent de père. Comme le bernard-l'ermite change de maison... Qui songerait à le lui reprocher ? Il n'emprunte que des coquilles vides, c'est l'ancêtre des squatters, il ne vole ni ne profane, son ambition c'est de survivre, tant mieux s'il perpétue en prime le souvenir des disparus !

En attendant, j'approchais de ma destination. Les phares ne dévoilaient plus la moindre fantasmagorie, mais des ormes décimés, des roselières assagies, des labours très quotidiens, le tout dans un horizon où se profilaient les crocs des premières dunes.

Je me souviens d'avoir passé une nuit agitée. Des naïades se disputaient BUNUEL. Ce n'était pas un cau­chemar à proprement parler. Ni cadavre, ni sang, ni cris. On aurait dit qu'il s'agissait d'une reconstitution ou, peut-être, d'une répétition. Personne ne s'impatientait, personne n'usait de violence. L'assistance grossissait pourtant à une cadence alarmante. BUNUEL avait disparu avec les naïades. Ils étaient remplacés par une foule empesée où dominaient smokings et robes du soir. Comme dans l'ANGE EXTERMINATEUR, ils regardaient tous vers une baie vitrée. Mais, par milliers, des visages tendus, exsangues, aux yeux clos. Plus loin, on chargeait des pianos sur des vélos. Etions-nous dans une maison, dans un stade, ou en plein palais des mirages ? des pyramides humaines occultaient les issues. On n'entendait pas un bruit, pas un souffle.

A l'aube, la foule s'est dispersée ou, plutôt, volatilisée. Il n'y avait ni maison, ni stade, et plus de baie vitrée... Rien qu'un immense mur de tableaux.

C'est le téléphone qui m'a réveillé. Avec la voix enjouée de Vincent VALLOIS.

-   Le catalogue est sorti !

-   Quoi ! Quel catalogue ?

-   Mais celui de Béthune, celui de l'expo !

-   Tiens-toi bien : il y a même quelques lignas sur moi dans le papier de Michel Chapuis(1) Eh ! tu m'entends ?... plus une planche en couleurs, superbe !

Plus tard, beaucoup plus tard, je découvris

le texte de Michel Chapuis :."Le plus vieux peintre de cette exposition est HERBIN, il aurait 104 ans aujourd'hui ; et le plus jeune est Vincent VALLOIS qui a 27 ans... il faut une certaine naïveté pour se lancer en 1986 comme Vincent VALLOIS dans la figuration libre où les couleurs gueulent, se déchaînent, et crient qu'il faut tout recommencer (...) Vincent VALLOIS, dont j'ai parlé au début de ce texte, m'a fait dire : voilà enfin qu'on rouvre les pots de peinture..."

Il n'y avait rien à ajouter, c'était direct, percutant, déterminant. Mais, entre-temps, j'avais appris autre chose : Vincent VALLOIS ne connaissait rien de KOKOSCHKA, à part quelques portraits éparpillés dans les manuels d'Art français (2). Aucune influence majeure n'avait pesé dans ce qu'il avait créé de plus puissant : la série des grandes Baigneuses. Il se devait tout : la violence, les corps rutilants, les flots uranifères. Pourquoi en avais-je douté un instant, comme s'il s'était agi d'un acte ordinaire et d'un homme quelconque ?

"Tout homme crée sans le savoir, comme il respire. Seul, l'artiste se sent créer. Son acte engage tout son être. Sa peine bien-aimée le fortifie" (3) . C'est la qualité de sa ferveur qui en fait un ange exterminateur. Pour que nos yeux soient enfin dessillés et que nos chaînes éclatent. Pour que l'Art redevenu majuscule nous libère totalement.

Merci Vincent VALLOIS !

Jean Couppé-Jacquart,

Conservateur des Musées Intercommunaux de la région d'Etaples.

 

(1)  Très beau papier de Michel CHAPUIS, au sujet de l'exposition
de B
éthune, à la Rotonde. Du 18/10 au 18/11. Parisiens,
prenez en de la graine ! venez voir ce que peut offrir

le Pas-de-Calais enfin requinqué. 70 artistes. A 50 % représentatifs. Beaudelot, Chapuis, Claisse, Dodeigne, Frézin, Gromaire, Herbin, Hugo, Huguet, Karpowicz, Kijno, Labisse, Lempereur-Haut, Leroy, Lhotellier, Manessier, Mathieu, Nahi, Olivier, Pignon, Roulland, Rousseille, Singier, Vallois, Van Hecke...

(2) ... dans les manuels d'Art français, et quelques musées
pas trop frileux. Mais Permek
ë n'a pas plus de chance.
Sans parler des expressionnistes "
étrangers". Etrangers
à qui et à quoi ? Il ne faudrait quand mê
me pas trop se
flatter le nombril, si l'on veut que Paris demeure Paris.

(3) Paul Valéry. Au fronton du Palais de Chaillot.

 

 

 

 

 

 

 

 

VINCENT VALLOIS EXPOSE A LA GALERIE MISCHKIND


 

 

Ouverte depuis 1962, la galerie Mischkind est presque une institu­tion tant elle a vu passer d'artistes sur ses cimaises.

Le lieu fleure bon la bonne vieille galerie d'antan à l'am­biance feutrée et aux murs rouges. Quand on pousse la porte aujourd'hui, ça sent la peinture à l'huile, parce que la peinture des quelques 60 tableaux de Vincent Vallois qui y sont exposés, n'a pas, pour certains, encore complètement séché.

Vincent Vallois est un jeune peintre dont la maturité s'élabore depuis longtemps déjà. Dès les Beaux-Arts de Tourcoing, puis les Arts déco a Paris, Vincent Vallois savait que la peinture serait l'aventure de sa vie. Un choix classique en somme en ces années 80 où la car­rière d'un artiste pouvait prendre des chemins tout à fait divers. Chez Vallois, c'était la peinture et son corollaire le dessin, qui lui est essentiel pour nourrir sa peinture.

Vincent Vallois va tous les jours ou presque à l'atelier pour dessiner ou peindre à partir de carnets d'aquarelles issus de voyages et qui servent de déclencheur. Véritable obsédé du sujet, mais dans la liberté de l'in­vention et de l'accident, Vincent Vallois s'attache au paysage dans sa dimension spatiale et au corps dans sa dimension formelle. Cet artiste a toujours l'air d'hésiter entre deux manières de peindre, entre tension et sérénité, toujours à la recherche de l'Impossible équi­libre. L'une rapide, physique et ges-tuelle, proche de l'action painting le conduit à des corps fluides et écla­tés à la De Kooning tandis que l'autre lente, calme et posée, est réservée à la construction des pay­sages où dominent de grands aplats de couleurs qu'on devine brossés d'un geste large et réfléchi et au travail de matière. Utilisant pinceaux, couteaux, chiffons, doigts ou tout ce qui est à portée de main, Vincent Vallois a une préfé­rence pour la peinture à l'huile avec un soupçon d'acrylique. Contrastes et dualité permanente sont la marque du travail exigeant de Vincent Vallois.

Françoise Objois "SORTIR" 2004

 

Vincent Vallois, né en 1959 à Lille dans une famille d'artistes, a été formé aux arts plastiques à l'École des Beaux-Arts de Tourcoing et à l'université de Lille III, avant de poursuivre ses études aux Arts décoratifs à Paris sous la direction de Robert Lapoujade. Les paysages et les cultures découverts au cours de ses voyages (Scandinavie, Japon, États-Unis, Italie, Antilles, Corse...) ont nourri son imaginaire et sa technique picturale. Cette curiosité s'imprime au cœur d'une œuvre qui, loin de se laisser enfermer, déjoue les étiquettes pour explorer sans cesse de nouveaux horizons. Ses toiles ont été présentées à Lille dans de nombreuses expositions à la galerie Storme, à la galerie Mischkind, à la galerie New Art City, à l'espace Edouard Pignon, au Frac de Lille... Il a exposé à Bruxelles (galerie ABC, Antenne du Conseil Régional Nord-Pas de Calais), à Paris (galerie Akié Arichi, Salon de Mai), au musée du Touquet, à la chapelle Saint-Michel en Avignon, au centre culturel d'Hazebroucq... Les collections de la bibliothèque d'Amiens, ainsi que des musées du Touquet et de Soisson possèdent plusieurs de ses œuvres.

Vincent Vallois définit ses expériences picturales comme une recherche d'adéquation entre les rythmes des éléments naturels, du corps (pulsations, pulsions, tensions, émotions) et les rythmes musicaux qui insufflent leur énergie au moment de la création. Cette énergie est sensible dans la composition P 21-07 où la surface picturale joue sur l'enchevêtrement rythmique entre le réseau des lignes sombres et les touches de couleurs vives. P 024-07 présente la même polarité entre la fulgurance de l'instant et le souffle continu du trait de pinceau qui réunit en même temps qu'il sépare et emprunte tantôt à la recherche d'équilibre de la calligraphie orientale, tantôt à la quête d'énergie brute du geste CoBrA. Ce travail, où l'on sent notamment l'intérêt pour des peintres comme Sam Francis ou Motherwell, pourrait être qualifié d'abstrait, et plus exactement d'abstraction lyrique, ce que nuance pourtant le peintre : « Mon travail récent pourrait passer pour « abstrait » au premier regard ; il n'en est rien. Même s'il est de plus en plus l'expression de mon intériorité, il est guidé, inspiré par les formes de la nature avant tout ». Narciso 2 révèle l'influence de son séjour à Rome : « [il] m'a posé le problème suivant : comment continuer mon travail inspiré par la nature dans une ville où dominent l'Histoire et le construit ? Où le naturel a été effacé, recouvert par tant de générations ? Le thème de Narcisse m'est venu en me plongeant dans la visite des musées où j'ai pu voir plusieurs interprétations de ce thème par les grands artistes italiens et dans la lecture des « Métamorphoses » d'Ovide. Mon intérêt pour la nature trouva ainsi sa place dans l'évocation des thèmes antiques et au travers de l'histoire romaine ».

François-Xavier Lavenne

In catalogue « Lille > Rome > Turin - tempo di vita »

Consulat d’Italie, Lille 2010

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